Au bout du boulevard Langelier, à la frontière des quartiers Saint-Roch et Saint-Sauveur, se cache peut-être l’un des endroits les plus riches en histoire de la Ville de Québec. Celui-ci a inspiré le romancier Denis Robitaille, qui travaille à l’intérieur des murs de l’Hôpital général de Québec depuis déjà quelques années.
Le destin de Denis Robitaille est intimement lié à celui de la communauté religieuse des Augustines, à Québec. Après avoir piloté le projet de réhabilitation du monastère de l’Hôtel-Dieu de Québec, qui accueille aujourd’hui musée, hôtel, restaurant et centre de santé globale, M. Robitaille est maintenant au cœur de la réflexion entourant l’avenir du monastère de l’Hôpital général de Québec.
«Ça progresse, avec le milieu, avec les gens d’ici, avec les autorités. Le monastère est encore habité et les sœurs en ont encore besoin. Alors on commence à réfléchir à l’avenir, pour le jour où il faudra trouver une solution. Mais pour le moment, les sœurs sont encore ici et encore pour un bout de temps», explique Denis Robitaille, chargé de projet en patrimoine culturel.
Une cinquantaine de religieuses (pas seulement des Augustines) habitent encore le lieu, qui abrite notamment une infirmerie spécifiquement consacrée à l’accueil des sœurs malades.
Un lieu d’inspiration pour un roman
En 2020, l’Hôpital général de Québec fêtait ses 400 ans d’histoire. Signe des temps pour un endroit consacré au soin des malades, la pandémie de Covid-19 a évidemment mis un frein aux célébrations et aux commémorations.
Mais deux ans avant, en 2018, Denis Robitaille avait déjà décidé de se lancer dans un roman dans lequel l’Hôpital général de Québec serait au centre de multiples histoires, qui se déroulent toutes à une époque différente.
«L”Hôpital général, c’est quand même un lieu historique de grande importance, qui est là depuis les tout débuts. Comme je travaille à connaitre le lieu, à le faire connaitre, à chercher un avenir pour le lieu, […] je trouvais qu’il y avait de la matière à raconter», explique l’auteur.
400 ans d’hiver revient justement sur les 400 ans qui ont suivi l’arrivée des Récollets en 1620, première communauté religieuse en Nouvelle-France, qui a installé son monastère sur les rives de la rivière Saint-Charles (alors appelée Kabir Kouba par les Autochtones). Chaque chapitre du livre suit des personnages qui se retrouvent au cœur d’événements historiques d’importance.

L’histoire à rebours
Guerre de Conquête, tentative d’invasion américaine, grand incendie de Québec de 1866, émeute de la conscription et pandémie de Covid-19 marquent le destin de ces personnages, qui côtoient aussi des figures qui ont réellement marqué l’histoire : Samuel de Champlain, Mgr de Saint-Vallier, Benedict Arnold, sans oublier certaines Augustines qui occupaient des postes de leadership à diverses époques.
Le roman se déroule à rebours et débute en 2020. D’ailleurs, comme l’écriture a débuté en 2018, Denis Robitaille a dû repenser son plan, puisque la pandémie devait s’inviter dans le portrait.
«Je n’ai pas écrit nécessairement le roman dans l’ordre chronologique. Mais quand est arrivée la pandémie, j’ai senti vraiment le besoin de réécrire la partie 2020. C’était vraiment important. Alors, ça m’a obligé une réécriture», raconte-t-il.
Différents usages à travers le temps
Aujourd’hui, l’Hôpital général de Québec accueille un Centre d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD). Cette mission d’accueil des personnes plus âgées perdure d’ailleurs depuis 1692, année d’ouverture officielle d’un hôpital général, pris en charge par les Augustines à partir de 1693.
À travers les époques, le lieu a également eu d’autres utilités : accueil de personnes marginalisées, de prostituées ou de ceux qu’on appelait les aliénés, pensionnat pour jeunes filles, abri pour les communautés religieuses de la haute-ville pendant la guerre de Conquête, lieu de soin des blessés pendant les conflits armés, etc.
L’endroit est aussi passé à travers le grand incendie de 1866 et a servi de refuge pour plusieurs sinistrés.
«C’est intéressant, parce qu’il y a eu plusieurs phases, et son rôle a été central dans bien des événements. On a l’impression que tout ce qui est historique se passe dans le Vieux-Québec, mais ici, il y a eu des événements historiques de grande importance, ne serait-ce que la guerre de Conquête. Je trouvais intéressant de montrer les différentes facettes du rôle qu’a pu jouer l’Hôpital général à travers l’histoire», ajoute le romancier.
Travail de recherche
Écrire un roman de ce genre demande évidemment beaucoup de recherche historique. Il faut non seulement connaître les détails des grands événements, mais aussi recréer des ambiances, des tenues vestimentaires, etc.
«C’est beaucoup de travail de recherche en archives et de documentation. Mais une fois ça fait, pour moi l’important, c’est le roman. Alors il y a un moment où je suis dans un réflexe d’historien. […] Après ça, le romancier entre en scène […] : les personnages, l’intrigue, l’évolution de l’histoire l’emportent sur la somme d’informations. L’idée, ce n’est pas d’étaler toute l’information que j’ai accumulée, mais c’est de raconter une histoire», soutient Denis Robitaille.
Quatre cents hivers représente le sixième roman publié par Denis Robitaille et sa dixième publication. Il avait notamment publié une brochure sur l’histoire de l‘Hôtel-Dieu du Sacré-Cœur, troisième hôpital pris en charge par les Augustines à Québec, situé dans le quartier Saint-Sauveur.
Le roman Quatre cents hivers est publié chez les éditions du Septentrion.
The post <em>Quatre cents hivers</em> : l’Hôpital général de Québec au cœur d’un roman historique appeared first on Monlimoilou.