Peu avant la situation entourant la COVID-19, Monlimoilou s’est intéressé au sort de quelques pièces récupérées de l’ancienne église Saint-François-d’Assise. Nous nous sommes entretenus avec le président de la Société historique de Limoilou (SHL), Daniel Papillon, au Centre communautaire Jean-Guy-Drolet qui est aussi partenaire dans ce dossier.
Plusieurs de ces objets de valeur – soit-elle une valeur symbolique – avaient été récupérés après la fermeture de l’église au culte en 2012, soit bien avant sa démolition cet hiver pour laisser place au futur immeuble d’ACERO Groupe immobilier. Son orgue Casavant, relocalisé à la cathédrale Saint-Jean-Eude de Baie-Comeau, au printemps 2017 en était d’ailleurs la pièce maîtresse.
Mise en valeur et attente d’une seconde vie
Comme le souligne Daniel Papillon, bien d’autres souvenirs du bâtiment religieux sont heureusement demeurés dans la communauté locale :
« La paroisse Notre-Dame de Rocamadour en avait vendu ou distribué dans d’autres paroisses de Limoilou [avant les fusions de l’an dernier]. Un bel exemple est le tableau représentant Jacques Cartier, d’Antonio Masselotte, maintenant conservé à l’église Saint-Fidèle. »
Le président de la Société historique de Limoilou mentionne également les deux magnifiques vitraux qui embellissent dorénavant la cage d’escalier du centre communautaire Jean-Guy-Drolet :
« Les vitraux sont parmi les premières choses qui ont été retirées de l’église peu après sa fermeture. Il s’agit d’un don d’Armand Trottier, ancien conseiller municipal sous le règne du maire Gilles Lamontagne. La plupart des autres ont été intégrés dans l’architecture du nouveau pavillon du cimetière Saint-Charles qui en avait les moyens financiers. C’est bien beau d’aller chercher des éléments d’églises, mais il faut aussi savoir quoi en faire. Et encore faut-il avoir les ressources qui manquent à des organismes comme les nôtres… »
Dans la mesure de ses moyens, donc, la sauvegarde et la mise en valeur d’objets du patrimoine limoulois étant intrinsèques à sa mission, la SHL a pu de nouveau compter sur la « bénédiction » de l’abbé de la paroisse pour prendre possession d’autres éléments de l’église. Cela, à l’amorce de la démolition de l’édifice qui avait débuté cet automne par l’intérieur :
« Vous pouvez prendre tout ce que vous voulez, nous a dit Julien Guillot, avec qui on collabore entre autres au projet de sanctuaire Notre-Dame de Rocamadour. On a donc récupéré divers objets et ornements avec l’aide de nos bénévoles. Mais ce qui retenait surtout notre attention, c’était la croix au sommet de la flèche de l’église… »
Outre l’emblématique croix, une autre lourde pièce, soit la pierre marquée « Saint-François d’Assise », a pu être sauvée avec la complicité cette fois du contremaître du chantier de démolition, Benoit Raymond. Ces objets signatures ont été déposés après la démolition devant l’ancien presbytère sur la 1re Avenue où siège aujourd’hui Agapê.
D’autres volumineuses pièces étaient également dans la mire de la SHL. Mais, poursuit Daniel Papillon :
« Il y avait des limites à les rechercher ou retirer, le contracteur d’ACERO n’étant pas un archéologue. Le promoteur avait été très réceptif quand nous l’avions rencontré pour la présentation de son premier projet. Nous tenons d’ailleurs à le remercier, car il a pris soin des éléments qu’on souhaitait conserver. »
Concernant enfin la « récolte » d’objets moins encombrants de l’église Saint-François d’Assise à l’automne 2019, celle-ci est entreposée pour l’instant au second étage du centre communautaire :
« Pour les morceaux de mosaïque, un artiste s’est offert pour éventuellement les intégrer dans une oeuvre. On a entre autres gardé les portes dorées du tabernacle. Qu’est-ce qu’on va faire avec celles-ci? Il y a des sous à investir, et encore une fois, la même question se pose, en attendant, pour toutes les églises qui ferment… »
Daniel Papillon souhaite qu’une politique de sauvegarde du patrimoine religieux québécois se précise, louangeant au passage d’autres organismes tels que Espaces d’initiatives (Laboratoire d’innovations sociales), dont les efforts pourraient mener à la conversion de l’église Saint-Charles de Limoilou en coopérative d’espaces collectifs.
Quant à l’éventuelle mise en valeur de la croix – aujourd’hui aussi entreposée – et de la pierre marquée considérant les ressources disponibles, Daniel Papillon et la SHL envisagent qu’elle le sera dans l’environnement de l’ancienne église Saint-François d’Assise, soit aux abords du centre communautaire Jean-Guy-Drolet pour la commémorer. Une histoire à suivre…
Les personnes intéressées à voir de magnifiques photos de l’église peuvent visiter l’album en ligne de Daniel Abel, dont la SHL tient à souligner le travail d’archivage, sur Flickr : flickr.com/photos/abelda/albums/72157713101639901
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