Monlimoilou réactualise les articles de l’historien Réjean Lemoine qui ont particulièrement retenu l’attention de 2010 à 2014. Dans ce premier d’une série de deux textes, il retrace les racines du Cégep Limoilou.
Une commande du cardinal Villeneuve aux pères eudistes
À la fin des années 1930, le quartier Limoilou compte une population de 32 000 résidents largement francophone et catholique. Les paroisses Saint-Fidèle et Saint-François d’Assise sont en plein développement, malgré la crise économique qui sévit à Québec.
Le développement urbain s’arrête à l’époque à la 18e Rue : au-delà, prairies et terres en culture dominent. Le quartier possède déjà un bon nombre d’écoles de niveaux primaire et secondaire, mais aucune école ne mène à des études supérieures. Les garçons sont scolarisés par les frères du Sacré-Coeur, et les filles, par les religieuses du Saint-Coeur de Marie.
En 1937, le cardinal Villeneuve demande aux pères eudistes de venir fonder un premier collège classique dans le quartier. Les Eudistes sont des prêtres français arrivés au Canada en 1890 pour fuir le service militaire obligatoire. Ils sont installés depuis 1922 dans un couvent situé dans la côte de Charlesbourg, sur la 1re Avenue. Ce séminaire – ou internat – a comme vocation de former seulement des prêtres et des théologiens.
Pour faire suite à la demande du cardinal, les Eudistes, en septembre 1937, fondent l’Externat classique Saint-Jean Eudes dans un édifice à logements de trois étages au 1496, 4e Avenue, au coin de la 15e Rue. Une soixantaine de garçons provenant des paroisses environnantes, mais aussi de Beauport et Charlesbourg, font partie des premières classes.
Inauguration officielle en 1939
Très rapidement, les Eudistes obtiennent un terrain des religieuses de l’Hôtel-Dieu, au coin de la 8e Avenue et de la 12e Rue, qui servira à la construction d’un nouvel édifice. Les travaux débutent à l’automne 1938.
Une année plus tard, le 15 octobre 1939, l’Externat classique Saint-Jean Eudes est officiellement inauguré. Le cours classique qui pouvait se poursuivre pendant huit années offrait une formation littéraire et de langues anciennes (grec, latin) parsemée d’un peu de science. Il donnait accès à l’université et aux professions libérales : avocat, médecin ou notaire.
Si les élites de la ville étaient formées au Collège des Jésuites ou au Séminaire dans la Haute-Ville, les fils d’ouvriers et de fonctionnaires de Limoilou avaient pour la première fois accès à un collège classique. Cela les aidera certainement à se sortir des difficultés de la crise économique et de la guerre qui gronde alors.
Ce texte et ces photos d’époque proviennent d’une recherche en collaboration avec la Société historique de Limoilou qui a mené à la parution de l’ouvrage Limoilou, un quartier effervescent.
Surveillez la suite et la fin de la série historique L’Externat classique Saint-Jean Eudes : L’héritage du Cégep Limoilou.
Du même auteur, la série précédente en quatre volets : Déclin commercial de la 1re Avenue.
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