Auteur de D’Irlande, de Limoilou et d’ailleurs, Denys Hawey partage pour nos lecteurs et lectrices ses souvenirs de jeunesse. Voici la suite de la précédente capsule de l'auteur sur son engagement dans le chœur de sa paroisse. Il évoque cette fois deux anecdotes tragi-comiques.
Avec le changement de rites visant à moderniser les cérémonies religieuses, le célébrant, accompagné de ses deux servants qui portaient un chandelier, devait traverser toute l’église par l’allée principale pour arriver à l’autel et se positionner face à l’assistance.
Une « sacrée » tâche
Pour atteindre l’autel, le célébrant et ses deux acolytes devaient gravir cinq marches. C’était une expérience risquée, puisque le célébrant avait les mains occupées à tenir bien haut son ciboire, ou était-ce l’ostensoir pour les grandes cérémonies? Quoi qu’il en soit, il ne pouvait donc pas utiliser ses mains pour relever son aube afin de ne pas perdre pied dans les marches.
Le vicaire Jobin avait trouvé une solution à ce problème. Il avait exigé que les deux servants portant les chandeliers, qui étaient flanqués de chaque côté du célébrant, assument cette tâche de relever l’aube du célébrant pour monter les quelques marches menant à l’autel. Il revenait donc aux servants de réussir l’exploit de tenir le gros chandelier d’une main, et, au même moment, de relever de l’autre main l’aube du célébrant, tout en montant les marches de façon synchronisée. Tout ça, en s’assurant de ne pas piler sur leur propre soutane et de ne pas perdre pied. C’était une « sacrée » tâche!
Comme de fait, un dimanche, lors de la grand-messe, le cortège avait entrepris sa procession vers l’autel. D’abord le vicaire Jobin, officiait la cérémonie, flanqué de chaque côté par les servants avec leurs chandeliers. Ensuite, nous, la vingtaine de membres du chœur, suivions solennellement le célébrant. Tout se passait très bien… jusqu’à ce que le vicaire arrive à la première marche à franchir. Il avait alors marqué un bref arrêt, histoire de s’assurer que les deux acolytes lâcheraient leur chandelier d’une main pour agripper son aube.
Daniel, qu’on appelait « Zoreilles », était le servant à la gauche du vicaire. Le pauvre, dès la première marche, s’était « enfargé » dans sa propre soutane et il était tombé à genoux! Qu’à cela ne tienne, tel un équilibriste, le grand Zoreilles avait réussi, comme par miracle, à maintenir ses mains, pour une, sur le chandelier tenu bien haut et, pour l’autre, à tenir l’aube du célébrant. Tout ça, en franchissant les quatre autres marches en titubant sur les genoux! La scène était vraiment drôle à voir et elle avait fait pouffer de rire les membres du chœur qui suivaient l’officiant.
Plusieurs, dans l’assistance, avaient aussi trouvé la situation cocasse. À voir la moue qu’affichait le vicaire Jobin, il était évident qu’il n’avait pas apprécié...
L'extincteur chimique à la rescousse
Une autre fois, lors d’un service funèbre, les deux servants s’étaient approchés de l’officiant pour le lavage des mains, avant la Consécration. Un des deux servants portait un vase qui recevrait l’eau du lavage : on l’appelait, pour la circonstance, le « lavabo ». L’autre servant portait une burette d’eau qu’il coulait sur les mains de l’officiant : on le nommait le « porteur d’eau ». Les deux porteurs de chandeliers suivaient toujours le « lavabo » et le « porteur d'eau ».
Or, cette fois, le porteur du chandelier derrière le lavabo s’était trop rapproché. Le feu du chandelier s’était transmis dans la soutane du lavabo. Mais, au début, le feu n’était pas apparent : il couvait à l’intérieur de la poche d’air, dans le dos du lavabo. Soudain, comme par l’opération du Saint-Esprit, la soutane s’était embrasée, par combustion spontanée!
Le lavabo avait, comme de raison, pris panique. Il s’était mis à hurler frénétiquement. Il avait quitté l’autel pour entreprendre une course folle le long du Chemin de croix. Tout en courant, il tournait la tête, comme dans « l’Exorciste », pour constater le degré d’avancement de la conflagration.
La cérémonie avait ainsi perdu de son décorum. Le curé officiant avait eu la présence d’esprit de prendre un extincteur chimique caché près de l’autel. Il s’était mis en poursuite du lavabo, en hurlant lui aussi, demandant au lavabo d’arrêter sa course folle. Puis, c’est toute l’assistance du service funèbre qui avait quitté sa place dans l’espoir d’arrêter le lavabo.
Finalement, le lavabo s’était arrêté. Un membre de l’assistance l’avait rejoint et enveloppé de son manteau. Le curé, à bout de souffle, avait recouvert le lavabo du contenu de l’extincteur. La victime était partie en ambulance. Heureusement, les dommages avaient été superficiels. Le plus apparent avait été la perte de ses cheveux à l’arrière.
Je n’ai gardé aucun souvenir de la conclusion de la cérémonie religieuse.
Legs pour ses deux enfants et leurs propres enfants, D’Irlande, de Limoilou et d’ailleurs a fait l’objet d’un article sur Monlimoilou. L'histoire de famille et la vie de jeunesse de Denys Hawey, qu'il raconte en 426 pages enrichies de photos, est disponible exclusivement à la Librairie Morency.
Cet autre texte fera aussi partie d’un recueil de nouvelles à paraître en formats papier et numérique : « Mes entrailles bénies - Anecdotes de jeunesse à Limoilou ». À suivre dans les prochaines semaines!
Lire la capsule précédente :
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