La série Limoilou dans les années 1920 revisite le passé du quartier à travers des images d’archives tirées de diverses sources. Notre regard historique de ce dimanche se porte sur un autre immeuble emblématique du quartier : l’église Saint-Charles-de-Limoilou.
Tirée de la collection BAnQ numérique, la photo en vedette a d’abord retenu notre attention dans le groupe Facebook Souvenir retrouvé, administré et enrichi par Michel Gallant, que nous tenons à remercier pour sa coopération et qui en a fait cette description :
« Nous sommes sur la 5e Rue, juste en face de l’église Saint-Charles-de-Limoilou, située sur la 8e Avenue, en 1920. »
La photo réactualisée, en direction nord-est, date du 29 octobre dernier. Pour l’anecdote, au coin de la rue sur la gauche loge aujourd’hui le siège social du journal Le Carrefour de Québec que partage notre média hyperlocal Monquartier.
« L’église-mère de Limoilou »
Comme souligné dans le Répertoire du patrimoine bâti de la Ville de Québec, cet autre édifice patrimonial de style néo-roman, dont la valeur est considérée comme étant exceptionnelle, a été érigé entre 1918 et 1920. Œuvre conjointe de trois architectes, elle était la troisième église implantée sur le site après deux incendies :
« Il s’agit de l’église-mère de Limoilou qui a donné naissance à toutes les autres paroisses du quartier. Cette paroisse a été administrée par les Capucins jusqu’en 1982. […]
La troisième église Saint-Charles-de-Limoilou est mise en chantier en 1918, selon les plans dressés l’année précédente par Joseph-Pierre Ouellet et Pierre Lévesque, fils adoptif de David Ouellet. La nouvelle église, ouverte au culte le 26 avril 1920, revêt essentiellement les mêmes caractéristiques que la précédente, sauf en ce qui concerne la façade. Joseph-Pierre Ouellet propose en effet une façade cantonnée de deux hautes tours surmontées de flèches.
L’intérieur de l’église relève de la tradition architecturale établie à la fin du 19e siècle. Les gros piliers ronds du rez-de-chaussée et les piliers en faisceau du bel étage évoquent l’exemple de Saint-Jean-Baptiste. En fait, le monument se ressent de ses états antérieurs, qu’il ne cesse de reproduire. Son originalité tient à la disposition du chœur : plus profond que celui de la plupart des églises de l’époque, il s’ouvre par des arcades sur un déambulatoire étroit, ce qui en accentue l’élévation.
L’architecture intérieure est rehaussée d’un décor peint réalisé selon les plans de Guido Nincheri. Le maître-autel, la chaire et la balustrade, en marbre et en scagliola, sont l’œuvre de la maison Daprato de Chicago, tandis que les autels latéraux proviennent des ateliers Monna et Cie de Toulouse. Les vitraux ont été commandés chez Fisher et Leonard. Enfin, la maison Carli et Petrucci a livré la statue de Notre-Dame-des-Anges en 1929.
En 1945, l’église a fait l’objet de travaux de rénovation majeurs. De cette époque date le baptistère, dessiné par l’architecte A.-Henri Tremblay, résident de Limoilou et l’un des précurseurs de l’architecture moderne au Québec. Les fonts baptismaux ont été sculptés par René Thibault qui, tout comme l’architecte Tremblay, a étudié à l’École des Beaux-Arts de Québec. Les plans du baptistère ont d’ailleurs été présentés lors d’une exposition internationale sur l’art religieux, tenue à Rome en 1950, et exposés peu après dans les locaux de l’Unesco à Paris. Il s’agit de l’une des œuvres significatives de l’architecture religieuse moderne du Québec. L’église Saint-Charles, qui domine le Vieux-Limoilou, a été prise en charge par une fabrique paroissiale en 1982. »
L’église a fermé au culte en 2012. Rappelons qu’elle héberge depuis 2020 Machine de cirque et, depuis peu, le Centre de création de Limoilou. Le 3 décembre dernier, Radio-Canada nous apprenait toutefois son rejet, par le ministère de la Culture du Québec, comme bien patrimonial. Cela, trois ans après le dépôt d’une demande officielle faite par la Société historique de Limoilou, à la grande déception de Gilles Gallichan, membre du conseil d’administration de l’organisme.
Un beau livre abondamment illustré pour en savoir plus sur l’église
En septembre 2021 était lancée l’œuvre de l’historien Gilles Gallichan et du photographe Marc Lajoie, L’église Saint-Charles de Limoilou. Témoin d’histoire et chantier d’avenir, événement que nous avions alors couvert à la Caserne 5.
Cet ouvrage qui s’inscrit dans la catégorie des « beaux livres » souligne les efforts déployés à l’époque par l’organisme Espaces d’initiatives, qui ont porté fruit depuis, pour reconvertir l’église Saint-Charles-de-Limoilou en laboratoire d’innovations sociales.
L’église Saint-Charles de Limoilou. Témoin d’histoire et chantier d’avenir s’adresse autant aux amateurs d’histoire de l’art et d’architecture qu’à tous ceux et celles qui s’intéressent à l’évolution de la ville de Québec. Si non disponible en librairie, on peut l’obtenir en version électronique à partir du site des Éditions Septentrion.
En ajout dans la galerie ci-bas, des photos de l’intérieur de l’église ont été prises lors de la visite publique organisée le 11 septembre 2021.
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